« Traité de Nice » (2012) : des opposants congolais cèdent des pans entiers du territoire national et ses ressources à des étrangers en échange du renversement du pouvoir à leur profit. Genval (2016) : les opposants du Rassop programment un « régime spécial » pour une transition de 6 mois sans Kabila ni toutes les institutions à mandat électif. Genève (2018) : les opposants tentent un hold-up de la mandature attendue des élections de décembre 2018 au profit d’une transition de 2 ans sans Kabila. La liste n’est pas exhaustive.
Alors que la supercherie de Genève a fini d’être éventée et que le vent a définitivement tourné pour balayer ce qui pouvait encore en rester, les cinq « conspirés » restants se sont retrouvés à Bruxelles où ils ont réitéré leur soutien à leur candidat commun Martin Fayulu pour la prochaine présidentielle. JP Bemba, Moïse Katumbi et Adolphe Muzito ont promis de l’accompagner en RDC pour l’assister dans sa campagne. Le cinquième du groupe, Freddy Matungulu, séjourne déjà à Kinshasa.
L’on peut bien se demander sur quelle base les alliés de Genève-Bruxelles fondent leurs espoirs quant à une possible réussite de leur coup dans les urnes. Déjà, lui-même Fayulu ne représente aucun poids sociologique pouvant faire attirer l’attention des électeurs. Sa désignation comme candidat commun a défié même les lois de la nature jusqu’à susciter un tollé général.
Tollé qui a amené à l’élucidation de la manœuvre qui sous-tend cette opération qui, en fait, est un forcing du désespoir de lobbies occidentaux gravitant autour de certains opérateurs miniers qui combattent le nouveau code minier. On ne peut, en effet, expliquer autrement l’arrivée d’Alan Doss de la Fondation Kofi Annan dans cette équipée, sinon le fait qu’il a eu la mission de circonvenir les opposants réunis à Genève afin de mettre en scelle le cheval qu’ils sont sûrs de contrôler.
Genève-Bruxelles projetait la sortie de l’ordre constitutionnel
La similitude entre les visées de l’équipée de Genève-Bruxelles et le rôle qu’avait déjà joué Alan Doss en RDC suffit pour le démontrer. En effet, selon l’accord signé à Genève et que Muzito avait explicité dans les médias, le candidat unique aurait pour mission de faire ce qui n’est pas moins un hold-up électoral en détournant la législature escomptée vers une transition de deux ans en vue de nouvelles élections sans Kabila et avec ceux qu’ils considèrent comme les exclus du présent processus électoral. Bref, il s’agit, pour eux, de réaliser le fameux plan « B » des élections sans Kabila au terme de ce que, dans ses prestations médiatiques, Christophe Lutundula, cadre d’Ensemble de Katumbi, appelle une courte transition pour organiser les élections. Bref, les « conspirés » de Genève n’ont tout simplement pas le cœur au processus électoral actuel qui ne leur servirait que de passage vers leur plan « B ».
Quant à Alan Doss, l’on se souvient que c’est sous son mandat à la Monuc-Monusco (2007-2010) que fut planifié le sabotage des élections de 2011. L’on se souvient, en effet, que la Monusco avait lâché la CENI en dernière minute en refusant de lui offrir la logistique promise pour le déploiement du matériel électoral. La logique, à l’époque, était la même : créer des conditions de chaos pour renverser l’ordre institutionnel de l’époque afin de prendre les rênes du pouvoir.
Le « Traité de Nice » à l’origine des conspirations
En remontant plus loin, l’on retrouverait la même logique dans le Traité de Nice où certains congolais, dont Etienne Tshisekedi et son Udps, s’engagèrent, à travers des accords du même genre. Le « Traité de Nice » avait été signé en janvier 2012 à Nice (France) entre des Congolais réunis au sein d’une organisation dénommée « Conseil National Congolais » (CNC) et une nébuleuse appelée « Confrérie des Hospitaliers ». Ce contrat prévoyait, pour la partie des Congolais, la cession des pans entiers du territoire national tels que l’île Mateba au Kongo Central et la ville de Gbadolite, ainsi que des richesses du pays, cela en échange d’un appui de ces partenaires pour la conquête et la gestion du pouvoir. En son temps et jusqu’à ce jour, il était difficile de savoir qui se cachait réellement derrière cette « Confrérie des Hospitaliers » à part le fait que, lors des rencontres de janvier 2012 à Nice, il avait été observé un ballet d’hommes d’affaires russes, français et autres autour de ces Congolais engagés ainsi dans une rocambolesque opération de bradage du territoire national et de ses richesses pour le pouvoir.
Un « commandos » composé en Europe, entre autres, d’anciens officiers des Forces armées zaïroises (FAZ) tenta une opération militaire en RDC, mais il fut stoppé dans un pays voisin où certains furent détenus pendant plusieurs mois avant d’être renvoyés en Europe, étant donné qu’ils avaient acquis d’autres nationalités que celle congolaise.
A Genval, les opposants avaient remis Nice en selle
La même logique va ensuite guider le conclave de Genval (Belgique) où des engagements du même genre furent pris avec des lobbies occidentaux sous-traités par les belges Reynders, Louis Michal, De Croo et autres. La base de la démarche de Genval était la même que récemment à Genève, à savoir, organiser une transition sans Kabila. En septembre 2017, sérieux comme des moines, les « conspirés » de Genval soumirent leurs intentions et visées à Moussa Faki Mahamat, alors Président de la Commission de l’Union africaine en séjour à Kinshasa dans le cadre de la recherche des solutions pour la sortie de la crise politique de l’époque, les opposants réunis au sein du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop) né à Genval : départ de Kabila au 31 décembre 2017, du bureau et de la plénière de la CENI ainsi que de l’exécutif national et tous les exécutifs provinciaux de la CENI, dissolution de toutes les institutions à mandat électif et mise en place d’un Gouvernement de transition avec pour mission l’organisation des élections. Durée de la transition : 6 mois.
Quant au sort de la Constitution dans cette logique, les sociétaires du Rassop répondirent à Mahamat : « ce sera un régime spécial ». Et l’histoire retient que c’est Martin Fayulu qui avait donné cette réponse qu’il avait répétée en boucle à la presse.
Le fil conducteur des conclaves, réunions et autres rencontres des opposants à l’étrangers, ainsi que les accords et traités qui y sont conclus n’ont donc pour base que la conquête du pouvoir par des voies autres celle des urnes. Et les acteurs de toutes ces conspirations demeurent presque les mêmes en Occidents, chacun intervenant à un moment donné de l’histoire.
Jonas Eugène Kota